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Le blog de CherryOnTheCake - Parce que vous n'avez rien de mieux à faire
Le blog de CherryOnTheCake - Parce que vous n'avez rien de mieux à faire
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5 août 2006

Il me fallait le dire

Il était temps. Le jour est arrivé où je me dois d'en parler.

Plusieurs questions, quelques réponses.

Dans le désordre:

  1. Pourquoi ça n'arrive qu'à moi?
  2. Pourquoi je me dis que soit je suis une ado attardée, passionnée par les gens sans que rien ne m'y prédispose, juste à cause d'une phrase, d'une voix et d'une paire de lèvres?
  3. Pourquoi il est pas dans mon salon à l'heure qu'il est, hein?

Cali, j'ai envie de le peindre, de le sculpter, d'étudier comment la lumière se pose sur son visage, comment sa bouche se déforme pour faire un sourire, et comment transforme t-elle son visage. J'ai envie de le peindre pour assouvir une soif de le voir.

Mais pourquoi nom de dieu?

Parce qu'on a connu un papa seul et sous la violence de l'absence de son bébé?

Parce qu'il donne envie de le coller contre un mur pour qu'il nous donne sa vie? Parce qu'il donne envie de lui coller des baffes parce qu'on est la conne qui n'est pas arrivée à lui faire oublier l'autre d'avant nous, et que même il est content de ne pas nous avoir donné sa vie, qu'il n'a plus de question qui l'ai quitté, que la musique de nouveau il l'entends, aucun coup de trique à l'horizon?

Mais aussi de redevenir sa femme parce que la vie est compliquée et inattendue; une personne qui lui fera écrire une version "j'ai trouvé les gars" de l'amour parfait?

Parce qu'il est, et je suis sûre qu'il le sait, terriblement sexué, attirant que même le mot ne lui convient plus, charnel au plus au point.

Avant-hier, dans le train Cambridge(n'y allez jamais ça ne sert à rien)-Londres, un jeune homme, d'un age indéterminable, est à trois mètres de moi.

Je l'avais vu sur le quai. Il était habillé bizarrement, un pantalon militaire, un polo blanc avec une croix rouge, des cheveux mi-long, sales. Il parle, je le regarde, il est de profil, et se retourne pour me faire agrandir les yeux, m'offrant le spectacle d'un jumeau anglais de Cali. C'est à peine croyable. Mais il lui manque une dent, devant, en haut. Ce qui n'en fini plus de faire de son visage quelque chose de troublant de ressemblance et de bizzaresque. Une fois dans le train, il reste debout, avec ses potes déjantés, sortis des années 80, punk à souhait, on hésite entre des clodo et un groupe de rock star qui sont encore bourrés et se maintiennent à la bière. Il mate les filles qui passent, qui sont pourtant outrageusement jeunes, et dans leur dos mime un croquage de fesses en règle. Je jugerais que Cali pourrait en faire de même, si je passais devant lui, j'ose l'espérer. Et puis, il voit que je le regarde, et me regarde à son tour. Il me fixe et je ne sais plus ou me mettre ni quoi faire, car si je lui demande un autographe il va me prendre pour une dingue, et je finirais de me le prouver, hors je préfère avoir seulement des doutes et penser que je suis saine d'esprit à défaut de corps.. En même temps je suis avec mon chef, en voyage pour le boulot, et ne peux pas me jeter sur un inconnu comme ça, je ne veux pas perdre mon reste de crédibilité acquise si chèrement, et dont le capital est déjà bien entamé. 

En arrivant sur Londres, je le vois guetter quelque chose par la fenêtre, en attente, légèrement fébrile, et tout d'un coup, deux potes le rejoignent. Un stade avec écrit en gros "Arsenal"  passe devant notre train et il se met à crier, le poing levé "fucking bastardddd" .. Je n'en n'attendais pas moins de lui. Le poing levé.

Et voilà, encore un parfait inconnu qui ignore totalement et à mon grand désespoir l'intérêt et la passion qu'il a suscité en moi, et que quelques mots de lui et je lui aurais donné ma vie.

Alors forcément, quand n'importe qui vous provoque des tempêtes juste parce que vous êtes d'une sensibilité handicapante, c'est difficile à comprendre pour autrui, à gérer pour soi, et à assouvir.

Car que voulez vous que je fasse?

Ecrire au fan club de Cali, en disant "Bonjour, je m'appelle CherryOnTheCake, j'ai 26 ans, un boulot sérieux, très sérieux même car j'œuvre pour le bien de l'humanité, pour sa survie, pour l'éradication du sida et la guérison du cancer, mais je suis une chose étrange qui vit pour son ressenti, pour l'amour, pour l'émulation, pour l'aventure, pour la beauté, pour l'émotion, pour les visages humains dont elle ne cesse de s'imprégner jusqu'à l'hypnose, et dont certain suscitent en elle une violence inouïe qui la pousse à les prendre entre ses mains pour en sentir la texture, en regarder les yeux pour en détailler la couleur, l'expression, raconter des bêtises pour voir le sourire, embrasser ses lèvres avec les siennes pour voir comment ça fait, coller son oreille sur sa bouche pour entendre les bruits de sa langue qui claque sur son palais. Et peindre encore et encore, peindre toutes les émotions qui sont trop pénibles à conserver au dedans, et une fois sur la toile, commencer à comprendre ce qu'il y avait dans son ventre.

Et donc, voyez vous, le visage de Cali, il m'émeut, il me touche, il me plait. J'aime sa laideur. Plus il grimace et plus je l'aime. Oui, oui, je suis dingue, allez un peu plus haut dans le texte et vous finirez d'en être persuadé.

Je veux, j'exige, un bouffage de lèvres immédiat, instantané, très long, très dur, très pénible, très agaçant, très "qui jamais ne s'arrête vraiment sauf pour manger boire et dormir" et qui viendrait assouvir un manque de lui, qui n'a jamais été là donc ne cherchez pas d'où vient ce manque, je suis dingue vous dis-je.

Je ne donnerai jamais mon nom, de peur qu'il ne vienne me giffler d'avoir tant parlé de ses lèvres dont il est propriétaire exclusif, dont il a l'usufruit, dont il est le directeur des ressources baisifères, dont je me pose comme syndiquée la plus active, comme abonnée avec un pass de trois mois offert, comme gagnante au concours, comme juge à la cour pour dire si oui ou non je veux la langue avec, comme voiturière qui dit où est ce qu'il peut les garer sur mon corps, comme adjugées vendues à la petite dame au chapeau au fond de la salle là bas, comme couturière qui les attacheraient avec du fil aux miennes, comme sculptrice qui les reproduirait à l'infini pour toujours les avoir à disposition et ne voir plus qu'elles partout.

J'ai conscience du caractère de ces paragraphes, c'est cru, c'est presque sale, c'est violent, c'est pédant, c'est pas normal, c'est pas joli, c'est pas bien, c'est comme ça et on ne m'aimera pas après, mais c'est ainsi et j'y peux rien, petit Cali est trop charnel pour un discours édulcoré, trop provoquant pour être bienséant.

Et en même temps il suinte de délicatesse, de candeur, d'amour gentil, de tendresse, de générosité, de ce sourire long et doux posé sur notre visage à la fin du repas sous la tonnelle avec des amis qui se sont arrêtés de parler parce qu'ils sentent que la fatigue monte et qu'il est temps de rentrer, il suinte de cette main qui vient se poser sur la taille au détour de la cheminée pour nous entraîner contre lui, il suinte de venir derrière nous quand on regarde par la fenêtre la pluie tomber après un enterrement, il suinte de joliesse qui émeut le plus dur des hommes, et la plus revêche des femmes, il suinte de mots jolis, accordés, posés sur des mélodies qu'il invente, il suinte de calme aux heures de repos, aux heures de réflexion, aux heures de contemplation après un moment agréable, il suinte d'amitié quand il vient de courir sur une scène et que tout est fini et qu'il prends contre lui son ami; il suinte de tout ce qui le rend profondément attachant, indéfinissable, joli.

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